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dimanche 16 janvier 2011

Album : Destroyer - Kaputt (2011)


Prévu le 25 janvier chez Merge, Kaputt est le neuvième album de Destroyer, projet du canadien originaire de Vancouver Dan Bejar.
Pour ceux qui ne savent toujours pas, il est membre du groupe The New Pornographers où il écrit 3 chansons par albums. J'aime beaucoup les groupes avec des membres ayant une forte personnalité, une aura ou quelque chose qui me donne envie de m'attacher à eux (comme chez Teenage Fanclub). Dans les New Pornographers, chacun à ses projets divers et variés, plus ou moins intéressant mais Destroyer est clairement le meilleur de tous. Petite anecdote : lorsque j'étais en Angleterre pour Bowlie II, je discutais avec des gens pendant les inter concerts et ça choquait que je dise que Destroyer était 100 fois meilleur que les albums solos d'A.C. Newman, enfin ce sont 2 projets qui n'ont pas du tout la même cible.

Après une multitudes d'écoutes, je me suis rendu compte que j'avais affaire à un songwriter d'exception et pas à un simple side-project que seuls les acharnés de la scène canadienne connaissent.
Après une quinzaine d'années au service de la musique, on retiendra que Destroyer depuis les années 2000, c'est une sortie constante d'albums frôlant la perfection.



Tracklist :  
Chinatown
Blue Eyes
Savage Night At The Opera
Suicide Demo For Kara Walker
Poor In Love
Kaputt
Song For America
Bay Of Pigs

 Dan Bejar, c'est avant tout quelqu'un très énigmatique et iconoclaste. Une mitraillette à paroles qui te fait sonner les mots avec la mélodie comme personne au monde, avec un façon de chanter que j'ai trouvée toujours assez badass.
A travers son groupe, il a tout expérimenté : le songwriting lo-fi acoustique des débuts, les compositions pop avec des musiciens en tout genre mais depuis quelques années, il s'est pris d'un amour fou pour les morceaux plus recherchés et ambiants.

Pour rappel, Dan avait pris tout le monde de court en 2009 en sortant l'EP Bay Of Pigs, une sorte d'OVNI musical mais surtout un virage assez violent depuis l'excellent Trouble In Dreams en 2007. On se souvient qu'il avait sorti Your Blues en 2004 qui comportait déjà des sonorités très vaporeuses et électroniques.
Depuis Bay Of Pigs, il a sorti l'EP Archer On The Beach fin 2010 avec la collaboration de Tim Hecker et Loscil, possédant une ambiance proche de Bay Of Pigs : très lente, posant un décor post-apocalyptique et une douce sensation que le temps s'arrête pendant une dizaine de minutes.
Avec Kaputt, on pouvait s'attendre à la continuité de cette sonorité puisque Bay Of Pigs clôture cet album.

Le premier extrait disponible était Chinatown et on retrouve effectivement ses expérimentations électroniques à travers la boite à rythme, les synthés qui créent cette nappe sonore mais aussi des choses que l'on n'avait pas entendu jusque là et que Dan va utiliser à foison sur cet album : le saxophone et les voix féminines.


Ce saxo va nous accompagner tout au long de l'album, donnant un son spirituel et jazzy au disque. La voix de Dan est beaucoup plus en retrait, laissant plus de places à l'ambiance vaporeuse que dégage ses morceaux et surtout aux chants féminins comme sur Blue Eyes ou Downtown, ambiance replays de jeux de courses sur Playstation.
Kaputt se veut être un disque rendant hommage aux synthés 80s et la ressemblance des morceaux avec  Roxy Music est évidente.
L'ambiance space-rock atteint même son maximum sur Suicide Demo For Kara Walker où l'auditeur est plane librement pendant plus de 2 minutes. Les 6 minutes restantes sont un concentré magique entre les chuchotements de Dan, la flûte et le backing vocal féminin : une sacrée merveille.
Personnellement, un morceau comme celui là a un effet plutôt euphorisant, j'ai presque eu un orgasme auditif.

La sensation d'être dans un autre monde continue avec le titre éponyme Kaputt, très savoureux mais qui sonne honnêtement comme une musique de films qui passaient sur la 6 le dimanche soir.
Le clip transposait exactement mon ressenti vis-à-vis de ce titre : du rêve, des jolies nanas, de la brume et la sensation de regret d'un objectif non-atteint.
Song For America est la suite logique de Kaputt, où il laissait déjà s'exprimer quelques "Song For America", on trouve les rares notes de guitares de cet album.




Oh sounds like a dream to me.... (Ce saxo est totalement infectious)

Comment terminer un album déjà parfait? L'immense Bay Of Pigs a les épaules assez solides pour jouer ce rôle. Comment le décrire  ? Long, renversant, troublant, dansant, tout simplement mind-blowing.


Titres à écouter : Tout en intégralité et dans l'ordre


Verdict :
Kaputt, dans l'idée, est assez similaire à son prédécesseur Trouble In Dreams. Ils ont pour vocation de plonger l'auditeur dans une autre dimension, de le faire rêver pendant des longues minutes.
Kaputt est un album différent, pas très représentatif de ses anciens albums et qui n'a strictement rien à voir avec ce que les auditeurs de Destroyer avait l'habitude d'entendre.
Je ne le conseille pas aux personnes ne connaissant pas l'œuvre de Dan Bejar, il faut mieux commencer par Streethawk ou Destroyer's Rubies qui sont plus accessibles.

Ce disque atmosphérique, aérien et planant est le chainon manquant à sa discographie pour le considérer comme l'un des plus grands songwriters au monde, tels qu'Iron and Wine ou Sufjan Stevens. 
La grosse différence se situe au niveau des sonorités, Destroyer n'est pas du tout folk mais plus proche de Bowie et du piano-rock.

Au début, j'avais beaucoup de mal avec sa voix, c'est un peu particulier. Je peux même avouer maintenant que je n'écoutais même pas ses chansons avec les New Pornographers, qu'est ce que j'étais con quand même "Ouais le mec à la voix d'alcoolo, c'est non"

 

En 2010, il y avait beaucoup d'albums excellents mais je n'avais pas trouvé d'albums qui me laisse bouche-bée après une écoute, un "oh putain c'est énorme"
Kaputt est donc la grosse claque de ce début d'année que je n'avais pas ressenti l'an dernier mais je ne possède pas la connaissance musicale suffisante pour décrire pleinement ce disque, ses influences et ses références.
J'aime son sens du détail, on ressent que chaque sonorité n'est pas là par hasard.
La seule chose que je constate est, du haut de mes 2500 écoutes de Destroyer, que Kaputt est un chef-d'œuvre, un immense disque encore une fois, comme ses anciennes productions.
 Ah oui : Dan Bejar est un génie, chose que je ne dirais jamais assez sur ce blog mais faites moi confiance.


10/10

2 commentaires:

Mmarsupilami a dit…

On est déjà deux à être captivés!

Erwan a dit…

Moi après une écoute c'était plutôt "oh putain c'est horrible!" ^^
Je n'aime pas du tout cette orientation synthés/saxo 80's (tout sauf jazz ce saxo hein) et je vais avoir beaucoup de mal à me faire à cet album, que je réécouterai sans doute plus tard dans l'année pour lui redonner une chance parce que c'est Destroyer quand même. Mais pour l'instant c'est clairement non, premier gros ratage Dan :p