Deuxième ATP I'll Be Your Mirror au Alexandra Palace de Londres, la déclinaison du festival dans une salle en ville.
Cette année, c'est ATP qui se charge de programmer 2 journée, une première qui sera dédiée entièrement au métal avec une programmation assez osée autour de Slayer (oui oui!) qui joue l'intégralité de son 'Reign In Blood' et une dernière journée plus éclectique, qui sera beaucoup dans l'esprit des line-ups ATP avec notamment le retour des Afghan Whigs de Greg Dulli.
Pour le samedi, Mogwai a été chargé de choisir le line-up, 12 ans après avoir curated le premier ATP au centre de vacances de Camber Sands. Ils ont pu choisir des groupes comme Codeine, qu'ils n'ont pas réussis à avoir 12 ans auparavant ou encore Mudhoney qui est une de leurs plus grosses influences.
Revers du line-up, il y un nombre hallucinant d'annulations (hors de contrôle des organisateurs, mais quand même!), entre Guided By Voices, Ultramagnetic MCs, Death Grips ou encore El-P, c'était un peu l’hécatombe.
Profitant d'une bonne réduc' sur le pass 3 jours et surtout l'opportunité de voir pas mal de groupes que je n'ai jamais vu et que je louperai au Primavera, le rendez-vous était pris au sommet du Alexandra Palace !
Friday
La première journée commence assez difficilement, car il faisait très chaud à Londres et les bus prévus pour les feignants ont été annulés. Ceux qui connaissent un peu l'emplacement de la salle comprendront que monter la colline de l'Alexandra Palace sous la fournaise est assez éprouvant.
Cerise sur le gâteau : les portes se sont ouvertes à la même heure que le début du premier groupe...
A Storm Of Light / YOB : Je ne connais rien d'A Storm Of Light ni de YOB, même pas de nom. Mais comme on le précise bien dans le livret d'accueil "Make sure to check out the artists you've never heard of! Remember everything here is recommanded by Mogwai or ATP."
En effet, j'ai eu l'occasion de découvrir le métal aux rythmes lourds d'A Storm of Light, qui laisse place à un son puissant et qui crée une atmosphère pesante assez apocalyptique.
J'ai en revanche moins apprécié YOB qui m'a laissé totalement indifférent...
Melvins :
Les Melvins était aussi de la partie avec leur 2 touffus Buzz Osborne et Jared Warren ainsi que leurs 2 batteurs. Je ne connais pas toute la discographie fleuve du groupe mais le concert était très carré, les batteurs étaient parfaitement calés et le son parfait, rien à redire !
Wolves In The Throne Room : La petite curiosité de la soirée était le set de Wolves In The Throne Room, un groupe de black metal atmosphérique, un peu comme Deafheaven.
Le West Hall était totalement plongé dans l'obscurité pendant leur set, entre l'atmosphère du post-rock, mêlé à des gros moments d'excitations sur des cris stridents.
J'ai trouvé cela quand même assez décevant, il faut quand même bien rentrer dedans pour apprécier ce qu'ils font.
Sleep :
Le Great Hall de l'Alexandra Palace commençait à être sacrément bondé pour cette fin de soirée assez royale.
Les héros du doom-stoner Sleep étaient aussi à l'affiche, le trio venant tout juste de rééditer Dopesmoker, cet hymne à la consommation de cannabis de près d'une heure.
Fort heureusement, ils ont joué seulement la version courte, cependant lorsque les premières notes ont été joués, le titre a reçu une des plus grosses acclamations du public que j'ai pu voir de toute ma vie.
Al Cisneros n'hésitera pas à nous inciter à consommer "If you have some haschich, ignite it!"
Un set aussi très carré et lourd, on ressent vraiment que Sleep sont les dignes successeurs de Black Sabbath.
J'ai d'ailleurs appris récemment que Matt Pike (celui qui joue toujours torse nu) a dû se faire hospitaliser d'urgence à cause d'un caillot de sang dans le cerveau... je lui souhaite un bon rétablissement...
Slayer:
La tension est à son maximum dans le public avant d'accueillir Slayer, avec les métalleux scandant "SLAYER! SLAYER!", s'excitant également devant l'impressionnante batterie de Dave Lombardo qui s'avançait.
Pour rappel, c'était une soirée spéciale comme ATP a si bien le secret, Slayer devant jouer l'intégralité de leur album 'Reign In Blood' ainsi qu'un best-of.
On regrettera légèrement l'absence de Jeff Hanneman, l'un des cerveaux et guitariste du groupe, qui doit encore se remettre de sa piqure d'araignée l'an passé. Mais bon, le sacrément badass Kerry King lui, répondit bien présent.
Le set débutera avec une sélection de titres divers comme World Painted Blood, issu de leur dernier album sorti en 2009.
Puis arrive le moment où la toile avec l'inscription "Slayer" tombe et laisse place à la pochette de 'Reign In Blood'. Dès les premiers riffs du premier morceau, grosse bousculade générale pour être à l'intérieur de la fosse et pouvoir gueuler plus fort que Tom Araya le "AAAAARRRRRHH" introductif d'Angel of Death.
Le headbang y va de bon train, la fosse est très physique, on est bien à un concert de Slayer.
Ironie du sort, mon nez s'est mis à saigner abondement à cause d'un headbang un peu trop violent : chaussures immaculées, fin de l'aventure dans la fosse pour moi après la première chanson ce soir là... Reign in Blood ?
La suite est l'intégrale de l'album, on en profite pour entendre des titres que le groupe n'a pas l'habitude de jouer, le quatuor est toujours aussi brutal, violent, intense, rapide et impressionnant, on peut difficilement résister à un bon vieux headbang sur les rythmes effrénés de Dave Lombardo, une véritable machine de guerre.
L'album est assez court (~30 minutes) et le groupe profite pour finir la soirée avec South of Heaven ou encore War Ensemble, qui quittera la scène sous l'acclamation générale.
Saturday
Umberto : Peu de monde pour assister au set de Umberto, un spécialiste des musiques de films d'horreur. J'ai trouvé son set assez marrant à voir, les films de série B qui passaient derrière lui montraient des gens qui se faisaient décapiter en boucle de diverses façons, avec des moments assez surréalistes... je lisais pas mal de 'WTF!' sur certains visages.
Côté musique, le style d'Umberto est uniquement électronique ambient, avec parfois un côté rythmé très hypnotique...
Floor / Harvey Milk / Antoni Maiovvi : Atelier découverte en ce samedi après-midi avec pour commencer 2 groupes de métal qui avaient clairement leurs places pour la journée du vendredi. Malheureusement, je n'arrive pas du tout à rentrer dans les sets de Floor et d'Harvey Milk, où je me suis pas mal ennuyé.
Ensuite, il y a eu l'ovni Antoni Maiovvi, un sacré taré qui fait de l'électro avec sa Wiimote et qui hurlait en se dandinant dans tous les sens devant un public hilare.
Chavez : Les plus gros vendeurs du label Matador (mon label favori), Chavez, faisait son retour en Europe après 15 ans d'absence. Je n'ai jamais trop accroché à ce groupe indie typiquement 90s, qui est parfois cité comme les pionniers du math rock.
Malheureusement, j'ai trouvé qu'il fallait quand même bien connaitre le groupe pour apprécier, contrairement à un groupe comme Archers of Loaf où j'ai accroché dès la première écoute.
The Soft Moon :
The Soft Moon n'est pas très connu mais assez pour que je jette une oreille à leurs travaux, entre post-punk sombre des 80s et un krautrock industriel (le chanteur avait un T-shirt Neu! et Can avait fait un DJ set juste avant).
J'ai très apprécié leur set froid mais assez prenant aux premières notes et finalement, ce n'était pas très redondant. Un groupe que je recommande vivement !
Mudhoney :
Peut-être le groupe que j'attendais le plus ce soir là, les légendes de la scène grunge de Seattle : Mudhoney, mené par un Mark Arm charismatique qui pétait la forme.
Le groupe n'a pas perdu de son efficacité (contrairement à Soundgarden que j'ai trouvé assez mauvais), mettant le feu à la fosse grâce à leurs morceaux issus de l'excellent Superfuzz Bigmuff comme Touch Me I'm Sick ou encore In 'N' Out of Grace. Un des temps forts du weekend était lorsque le public a scandé de toutes ses forces "Jesus take me to a higher place!!!!"
Malheureusement au bout de 45 minutes fortes en intensité, le groupe a du quitté la salle, laissant le public qui réclamait "more! more" en vain...
Moi, je ressors trempé du concert et content d'avoir pu gigoter pendant le concert "Ha! you were at Mudhoney right ?!"
Dirty Three :
Dirty Three, c'est avant tout le projet instrumental de Warren Ellis, collaborateur de longue date de Nick Cave (Bad Seeds, Grinderman), où il s'éclate en jouant frénétiquement du violon.
Avec des moments explosifs, j'ai trouvé quand même ce groupe moins accrocheur qu'un groupe de post-rock sur toute la durée d'un concert.
Fun fact : Warren utilise le français pour engueulé son roadie, il faut dire qu'il habite Paris...
Mogwai :
La fin de journée se termine avec les héros de Glasgow, Mogwai, curator d'un jour.
C'est la quatrième fois que je vois Mogwai sur cette tournée 'Hardcore Will Never Die' et je pense que c'est le meilleur concert du groupe que j'ai pu faire.
Stuart est toujours le seul à parler entre les morceaux, et il a toujours cette habitude à remercier sans arrêt aussi.
Je ne me suis jamais ennuyé pendant le concert, le groupe a joué une sélection de leurs morceaux avec en prime, des strobelights et une déflagration sonore à faire trembler l'intégralité de l'organisme.
Une bonne grosse baffe sur le final : Mogwai Fear Satan et Batcat, on ne peut pas mieux finir une soirée.
Sunday
Forest Swords / Blanck Mass : La dernière journée commence avec 2 groupes électroniques, Forest Swords, un duo dont j'ai vraiment eu du mal à cerner la musique, mon attention oscillait entre ennui et totale adhésion, cela dépendait des morceaux.
Blanck Mass est le side-project de Ben Power, une moitié du duo Fuck Buttons. Avec ce projet, j'ai trouvé qu'il essayait de jouer du côté du drone électronique, se rapprochant toujours du mur du son, avec des visuels fluorescents assez étranges.
Les 2 sets de ces artistes ont été coupés en plein milieu par des coupures électriques liés à l'alimentation du quartier de la salle, autant dire que les sets ont été fortement gâchés, surtout celui de Blanck Mass qui faisait monter la pression depuis plusieurs minutes.
Blanck Mass est le side-project de Ben Power, une moitié du duo Fuck Buttons. Avec ce projet, j'ai trouvé qu'il essayait de jouer du côté du drone électronique, se rapprochant toujours du mur du son, avec des visuels fluorescents assez étranges.
Les 2 sets de ces artistes ont été coupés en plein milieu par des coupures électriques liés à l'alimentation du quartier de la salle, autant dire que les sets ont été fortement gâchés, surtout celui de Blanck Mass qui faisait monter la pression depuis plusieurs minutes.
Demdike Stare / Tall Firs : Ces 2 groupes sont les chouchous d'ATP, qui les font jouer partout où ils peuvent. Ceux qui ont fait la soirée de The Field en décembre à la Gaîté Lyrique ont peut être aperçu le duo ambient-creepy Demdike Stare, qui est plus un duo visuel car ils accentuent vraiment leur set sur le petit film malsain qui passe derrière eux.
Tall Firs est un duo folk, le public a assisté à leur set en étant gentiment assis pendant leur set, une bonne découverte pour ceux qui aiment le folk épuré.
Thee Oh Sees :
J'aime beaucoup Thee Oh Sees, groupe qui a un débit de disque impressionnant (2 albums en 2011 dont l'excellent Carrion Crawler/The Dream).
Un groupe qui ne passe pas 4 chemins : c'est du 100% garage lo-fi à 200 à l'heure avec quelques moments psychédélique en longueur, avec leur chanteur atypique John Dwyer (personne ne porte la guitare plus haut que lui!).
Un set plaisant, maitrisé et efficace, rien à redire, Thee Oh Sees mériterait beaucoup plus de reconnaissance.
Un groupe qui ne passe pas 4 chemins : c'est du 100% garage lo-fi à 200 à l'heure avec quelques moments psychédélique en longueur, avec leur chanteur atypique John Dwyer (personne ne porte la guitare plus haut que lui!).
Un set plaisant, maitrisé et efficace, rien à redire, Thee Oh Sees mériterait beaucoup plus de reconnaissance.
Archers Of Loaf :
Archers of Loaf est peut-être le groupe qui m'a motivé à traverser la Manche. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours que la bande à Eric Bachmann traverse l'Atlantique... la dernière fois, c'était pour l'ATP de Les Savy Fav, ma meilleure soirée de 2011.
Cette fois-ci, l'ambiance était un peu moins bien, il faut dire que les fans n'étaient pas très nombreux mais toutefois assez pour chantonner et sautiller un peu sur leurs meilleurs titres.
Cette fois-ci, l'ambiance était un peu moins bien, il faut dire que les fans n'étaient pas très nombreux mais toutefois assez pour chantonner et sautiller un peu sur leurs meilleurs titres.
Sleepy Sun :
Un autre groupe protégé par ATP : Sleepy Sun. Même s'ils ont perdu la moitié de leur meilleur atout (leur chanteuse), Sleepy Sun a sorti un très correct 3ème album Spine Hits, toujours avec l'esprit psyché-hippie hors-du-temps des précédents albums.
J'ai vraiment accroché au set, le chanteur a une belle voix, utilise avec brio l'harmonica et les guitares hurlent le wah-wah...
Les 10 minutes de fin sur Sandstorm Woman étaient à couper le souffle, quelle déferlante !
J'ai vraiment accroché au set, le chanteur a une belle voix, utilise avec brio l'harmonica et les guitares hurlent le wah-wah...
Les 10 minutes de fin sur Sandstorm Woman étaient à couper le souffle, quelle déferlante !
The Afghan Whigs :
Ces 3 jours de festival se terminent en beauté puisque les Afghan Whigs, qui se sont reformés cette année pour une série de concert en 2012, étaient les têtes d'affiches de cette troisième journée.
Une horde de fanboy déchainés avait perquisitionnés les premiers rangs, et quels fans !
J'ai rarement vu autant de gens dans une telle communion avec le groupe de Greg Dulli, chacun chantant avec toutes ses forces et sautant dans tous les sens, comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Greg, lui a aussi parfaitement chanté les paroles sombres et torturés du répertoire des Afghan Whigs avec grande classe.
La setlist était très variée et équilibrée, avec leur nouveau morceau See and Don't See et des gros temps forts comme sur Gentlemen ou Miles Iz Ded dont les paroles résonneront longtemps à l'intérieur de l'Alexandra Palace... "DON'T FORGET THE ALCOHOL, OHHH BABYYY! OHH BABY!!!"
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