Pages

mardi 26 juin 2012

Review Festival : San Miguel Primavera Sound Festival 2012


Troisième édition consécutive du San Miguel Primavera Sound Festival pour ma part, qui se déroule toujours sur le site pavé du Forum de Barcelone.
Cette année le festival s'est exporté à Porto la semaine suivante, avec une bonne partie des groupes qui s'étalent sur 3-4 scènes.
Je pense retourner souvent à ce festival, car c'est le seul festival à ma portée (avec les ATP) qui ont la riche idée de ramener des groupes que je n'imaginais pas voir en live dans ma vie... je peux citer le retour de "Dieu" Jeff Mangum, The Olivia Tremor Control ou encore Archers of Loaf.
Cette année, une partie de la programmation était un peu "originale" puisqu'il y avait un nombre conséquent de groupes punk/hardcore comme OFF!, Trash Talk ou Refused, ainsi que des groupes métal en tout genre : Godflesh, Mayhem, Sleep, Melvins, Napalm Death, Wolves In The Throne Room pour n'en citer que quelques uns.
Le principal coupable est All Tomorrow's Parties qui influence fortement le festival, et sa journée Metal du I'll Be Your Mirror la semaine précédente.
Le festival a aussi eu une série noire d'annulation : Guided By Voices, Death Grips, Ultramagnetic MCs, El-P comme à l'ATP, mais aussi leur second headliner Björk qui souffrait de la voix, Melvins pour des raisons obscures et Sleep suite à l'hospitalisation d'urgence de Matt Pike.

Comme chaque année, le festival a le droit à une soirée warm-up en ville, cette fois ce sera sur la place de l'Arc del Triomf, place qui sera très bondée toute la soirée car elle était ouverte à tous.
The Wedding Present y jouait son Seamonsters en intégralité, The Walkmen interprétait leur répertoire ainsi que des morceaux de leur nouvel album Heaven, tandis que les Black Lips se chargeront de clôturer la soirée.


Jueves


Les Black Lips que l'on retrouvera à l'entrée du Parc Del Forum le lendemain, à bord d'un magnifique Red Bull bus, souillé par Cole qui n'hésitera pas à pisser dessus tout en jouant la 1ère chanson... Ambiance.

Baxter Dury : Ouverture du festival sur la Main Stage avec Baxter Dury, un choix par défaut car rien ne me tentait sur ce créneau là.
Je n'aime pas trop son dernier album 'Happy Soup' et ce qu'il fait en général, mais je laisse souvent une première chance en live.
Avec son fort accent british et son backing-band, Baxter ne m'a pas trop emballé. Après coup, j'aurais bien aimé revoir les excellents A Storm Of Light sur l'ATP ou encore... Archers of Loaf en acoustique. Je n'étais même pas au courant qu'ils jouaient 2 fois, lorsque j'ai appris la nouvelle, il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer. Merci la communication du festival.

Archers of Loaf :

La scène Ray-Ban sous le soleil couchant est clairement un meilleur cadre que la froide Alexandra Palace, cadre parfait pour le set de mes Archers of Loaf. Le groupe récemment reformé a déroulé la setlist habituelle, Eric Bachmann commença par un Wrong rageur qui m'a fortement réjoui. J'aime ce groupe car je trouve le chant sincère et hargneux, avec quelques moments très indie comme Might ou le classique Web In Front, qui contrastent les quelques moments "vénères" comme Audiowhore.
En tout cas, un groupe que j'apprécie toujours revoir, surtout le bassiste qui bouge dans tous les sens et qui se donne à 500% !




The Afghan Whigs : Remplaçant des GBV, la bande à Greg Dulli s'est invitée aussi au Primavera devant un public clairsemé, il faut dire que leur retour n'a pas fait trop de vagues. Le public n'avait pas la même ferveur qu'à I'll Be Your Mirror mais assurait ce qu'il fallait sur la setlist raccourcie pour coller dans le créneau d'une heure.
Un set rempli de soul, avec Greg Dulli qui tient toujours la baraque, je regrette simplement que la setlist ne soit pas si géniale que ça, laisser de côté des titres comme Somethin' Hot ou Debonair aurait vraiment apporté au show.

Death Cab For Cutie : Death Cab n'est clairement pas un groupe de festival, il n'y a qu'à voir le fossé entre leurs concerts et leurs sets en festival où ils ne jouent pas leurs meilleurs morceaux (I Will Possess Your Heart et Transatlanticism en tête).
Cependant, j'apprécie leur capacité à changer régulièrement une partie de leur setlist à chaque concert. A Barcelone, on a pu entendre Cath... ou encore The Sound Of Settling qui n'ont pas été jouées au Trianon, en début de semaine à Paris.
Un set huilé et maitrisé par le quatuor de Seattle, WA qui a laissé une place importante aux morceaux des 4 derniers albums, avec toujours ce We Looked Like Giants où Ben fait un petit jam à la batterie.

Wilco : Headliner de la première journée, Wilco était de retour tout juste 2 ans après leur set sur la même scène en 2010, cette fois-ci pour la tournée de leur excellent dernier album The Whole Love
Contrairement à Death Cab For Cutie, on ressent moins l'écart entre les dates en salles et en festival avec Wilco. Le groupe change entièrement de setlist tous les soirs et peu importe le contexte, il y a cependant toujours un noyau dur comme l'indispensable Impossible Germany avec cette brute de Nels Cline et son solo captivant ou encore Jesus, etc où Jeff Tweedy et son look mal rasé négligé, nous a invité à chanter ensemble, comme il y a 2 ans souvenez-vous.
Pour une fois, j'ai apprécié entendre pas mal de Summerteeth avec I'm Always In Love, A Shot In The Arm ou encore How To Fight Loneliness.
J'apprécie de plus en plus leurs sets depuis que je connais bien ce qu'ils jouent régulièrement, comparé à ma déception en 2010, je peux dire que cette fois-ci, c'était vraiment bon.

Refused :

Tout juste 1 mois avec la bonne claque de leur set au Groezrock 2012, j'étais assez impatient de revivre un concert aussi intense que celui de Refused, fraîchement reformé. 
Cette fois-ci, c'était le concert pour le public ~espagnol du Primavera (et pas vraiment punk-hardcore à la base, il faut l'avouer), une autre ambiance donc, mais pas forcément plus calme. En effet, j'ai pris un gros coup de coude involontaire dans la mâchoire sur la 2ème chanson, qui m'a pas mal calmé et qui m'a empêché de manger normalement pendant 2 jours.
Dennis Lyxzén est toujours aussi énergique sur scène, sautillant dans tous les sens et enchainant même sur un petit flip, la classe.
Le public lui a bien rendu, je n'avais jamais vu une telle ambiance lors de ce festival, il n'y a qu'à voir la bonne partie de la Ray-Ban Stage sauter joyeusement sur New Noise.
Après le concert, j'ai pu retrouver mes esprits sur la petite demi-heure de Franz Ferdinand, un groupe taillé pour le live dont j'aurai aimé voir en intégralité mais que je verrai plus tard cette année.

Spiritualized : Ma première semi-déception de la soirée vient de Spiritualized, moi qui attendais depuis longtemps une occasion de voir Jason Pierce et ses lunettes balancer ses drogues auditives.
Seulement 5-6 titres en 1 heure, je ne pensais pas que Jason ne jouerait que des morceaux qui traînent en longueur, même si Hey Jane (mon titre préféré de 2012) annonçait la couleur sur le dernier album.
Avec l'heure tardive, je ne suis pas vraiment rentré dedans, peut-être que je n'avais pas assez bu après minuit, Jason avait l'air sur un autre monde, le festival n'est peut-être pas le meilleur cadre qu'il soit.
J'avais vraiment une autre vision du groupe en concert, un set dans l'Auditori peut-être, avec un orchestre symphonique en backing band... vivement la seconde chance en Novembre !

The Field : En me rendant vers la scène Pitchfork, on entendait déjà les impressionnantes basses de The Field qui vrombissait au loin, toujours en formation live avec un nouveau batteur et un bassiste.
Le son était très fort, les vibrations se faisaient ressentir dans tout le corps, avec toujours la même sensation d'hypnose.


Viernes

Milk Music :
Milk Music est un jeune groupe originaire d'Olympia, WA qui fait du grunge/noise à la Mudhoney bien crasseux mais toutefois très sympathique. 
Ils n'ont qu'un très bon EP 'Beyond Living' donc c'était logiquement assez court, ils n'ont rien inventé mais ce sera un groupe à suivre prochainement.

Siskiyou : Groupe originaire de Vancouver et signé chez Constellation, Siskiyou amenait une touche de calme et de douceur dans mon programme, leur folk ayant reçue une forte réception dans le public de la scène ATP. Ils étaient même surpris du nombre de personnes ayant fait le déplacement, la veille, ils jouaient devant 20 personnes disait un membre de la formation canadienne.

I Break Horses : Entre Rufus Wainwright, Girls et Lower Dens, j'avais décidé de laisser une deuxième chance à I Break Horses, formation suédoise et son excellent Hearts sorti en 2011.
Il faut dire que j'ai été très déçu de leur premier passage à la Flèche d'Or en février dernier, un concert que j'ai trouvé très froid et pas très au point, le groupe n'était sur les routes que depuis peu.
Au Primavera, la chanteuse Maria Lindén était radieuse et tout sourire, et malgré le peu de chansons (5 ?), j'ai trouvé le groupe bien au point avec un très grand Winter Beats.

The Cure :

L’événement de ce Primavera Sound était la venue de The Cure, mené par l’emblématique Robert Smith. Les organisateurs avaient mis le paquet sur leur venue avec une plage de 3 heures (!), ce qui se fait de plus en plus rare en festival (Bruce Springsteen...). 
Je n'avais jamais vu les Cure auparavant donc j'avais vraiment bien accueilli la nouvelle, même si cela signifiait des clashs inévitables.
Je suis resté en tout 2h15, avec une coupure pour Trash Talk en plein milieu du set, qui visiblement faisait part au catalogue pour les initiés à ce moment là.
Du coup, j'ai réalisé une très bonne opération car j'ai eu toutes les chansons que je voulais en début et en fin de set (Lovesong, In Between Days, Just Like Heaven, Friday I'm In Love, Close To Me, Boys Don't Cry)
Robert Smith chantant et exécutant ses chansons à la perfection, j'ai bien apprécié le concert et surtout la bonne ambiance qui me rappelle celle de Pulp l'année précédente, il faut voir ce qu'il y avait pendant Friday I'm In Love, de loin le highlight du weekend.

Trash Talk :
Petit détour par la Pitchfork pour voir Trash Talk, ce groupe de hardcore punk qui envoie quand même le pâté.
La fosse était assez clairsemée mais il y avait quand même une grosse ambiance devant. Le chanteur Lee Spielman est assez fou, sautant sur la fosse à maintes reprises et chantant à l'intérieur des circles pits.
Le reste du groupe n'était pas aussi très net avec le guitariste qui a escaladé les structures de la scène sur la dernière chanson.
Bref Trash Talk, c'était assez intense et violent, les chansons durent 1 minutes donc c'était forcément assez court.

The Men : The Men est un groupe noise-punk de New-York avec déja pas mal de sorties DIY dont 2 excellents albums sortis chez Sacred Bones. 
J'ai aimé le style direct et rentre-dedans du groupe, avec leurs 3 chanteurs qui se relaient au chant et aussi le fait qu'ils jouaient avec des cordes cassées, au nombre de 2, sans en avoir rien à faire.
Niveau ambiance, c'était assez lourd avec un enchainement Turn It Around/Open Your Heart déchainé et un Bataille ravageur quelques titres plus tard.
Keith Morris leur fera un peu de pub le lendemain, qu'il était à côté de la mer et qu'ils n'y avaient clairement pas assez de monde devant la Vice.

Obits : L'autre déception du festival (mais je m'y étais préparé), c'était Obits. Composé entre autres par Rick Froberg (de Drive Like Jehu/Hot Snakes), Obits fait dans un style plus rock et calme, un peu trop à mon goût. On ressent vraiment qu'il leur manque un coup de jus comme John Reis et ses riffs imparables.

AraabMuzik : J'ai été bluffé par la maitrise manuelle de la dubstep d'AraabMuzik sur des vidéos qui tournaient sur le net et ma curiosité m'a amené à terminer la soirée à son set. C'était assez marrant à voir, quelle rapidité et précision dans ses mains.


Sabado

Father John Misty :
Father John Misty est le nom de scène de Josh Tillman, ex-batteur des Fleet Foxes. Même si ses compositions rappellent évidemment son ancien groupe, j'ai trouvé son set très plaisant car Josh était charismatique et qu'il s'amusait à faire le pitre sur scène lors de ses nombreux banters.

Sharon Van Etten : Un peu de temps libre pour revoir Sharon Van Etten sur la Main Stage. Peu bavarde, elle s'est contentée de jouer une bonne partie de son dernier album et de dire, le sourire en coin : "This is the ugliest place I've ever been in my life" : Ironique ?

Jeff Mangum :

Beaucoup d’appréhension pour ce second set de Jeff Mangum, surtout après le complet échec de la veille. Et oui, dû à une très mauvaise organisation, la plupart du public n'a pu entrer dans l'Auditori seulement 25-40 minutes après le début du set, un très gros échec.
Lors du deuxième jour, l'entrée s'est déroulée sans problème et tout le monde a pris place avant le début du set, décalé de 15 minutes.
Lorsque Jeff et son éternel look de bûcheron entra sur scène, il invitera le public à venir plus près, qui hésitera quelques instants avant que certains ne courent pour s'assoir à ses pieds.
Il a interprété un peu de tout : beaucoup d'Aeroplane (normal) mais aussi du On Every Island. Le rendu était parfois étrange car Jeff était seul avec ses acoustiques, il aurait cependant aimé que le public reprenne avec ferveur ses chansons, chose qui n'arrivera pas plus que cela.

Kings of Convenience : Pour moi, c'est de loin le meilleur concert du weekend. Tout d'abord, Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe étaient seuls et semblaient tout-puissants sur scène, enchainant les morceaux doux et mélodieux de leur répertoire, le vent dans les cheveux et le regard au large.
Pour la seconde moitié du set, ils inviteront un backing band digne de ce nom pour des versions inédites de leurs chansons (Boat Behind, Rule My World, Misread et I'd Rather Dance With You) qui ont littéralement mis le feu au public.
La preuve est que c'est bien la première fois que je vois le public espagnol se taire et apprécier le concert, lui qui a souvent l'habitude de parler sans arrêt.





The Olivia Tremor Control : Impatient de voir "enfin" The Olivia Tremor Control en vrai, il faut dire que j'adore leurs 2 albums de pop psyché qui laissent une grande place aux chœurs.
J'avais quand même l'appréhension d'être déçu car le groupe n'a fait que très peu de dates récemment.
Quand j'ai entendu Will Hart, l'un des chefs de la formation, massacré vocalement la première chanson A Peculiar Noise Called "Train Director", j'ai senti un peu le malaise.
Fort heureusement, Will s'est amélioré par la suite, il lui a fallu un peu d'échauffement mais Bill Doss, l'autre chanteur, était simplement parfait.
Coté setlist, c'était du très lourd, avec tout mes morceaux favoris : Hideaway, Jumping Fences, I've Been Floated ou encore The Opera House... quel pied.
Si vous aviez un relou qui chantait sans arrêt et sautait dans tous les sens après quelques shots de Jäger, c'était moi.

OFF! :
Si il y a un album qui a tourné en boucle chez moi après un concert, c'était bien le First Four Eps du supergroupe punk OFF!, qui vient de sortir leur 2ème album.
J'avais apprécié leur punk hardcore revival, le mélange de Black Flag et Circle Jerks en plus rapide et expéditif, c'était donc un concert que j'attendais impatiemment depuis le Way Out West 2011.
En 25 minutes montre en main, Keith, Mario, Steven et Dimitri ont envoyé une bonne dose de punk à 200km/h qui, j'espère, fera de nouveaux addicts... Hardcore punk is not dead.

Juste après, j'ai pu voir quelques minutes de Shellac qui était encore une fois de la partie, toujours sur la scène ATP, la deuxième maison de Steve Albini. Leur son est toujours aussi déstructuré et agressif, avec pas mal de spoken words de la part d'Albini. La scène était assez remplie, on peut donc s'assurer que Shellac sera encore là en 2013.

Yo La Tengo : La fin du festival approche, les éternelles ampoules et la fatigue accumulée se faisant ressentir, ce n'était pas dans les meilleures conditions que j'ai pu revoir Yo La Tengo au "best festival in the world". J'ai trouvé le set pas terrible, je n'ai pas reconnu la masse de chansons au début de la setlist, mais il y a eu les excellents Here To Fall et l'interminable Pass The Hatchet, I Think I'm Goodkind.


Pour conclure, cette édition était encore excellente, j'ai pas gardé un souvenir aussi fort qu'avec Pulp et les Flaming Lips en 2011 mais ça m'a fait plaisir de voir des groupes qui se font rares en Europe.


Top 3 : 
- Kings of Convenience
- The Cure
- Refused

Mention spéciale à la Vice Stage qui, à elle seule, prouve que Barcelone > Porto.


Aucun commentaire: